Partout dans le monde, ça lève le coude. L’alcool est le propre de l’homme qui cherche à échapper à sa condition et à sa conscience par absolument tous les moyens. L’Amérique latine n’échappe pas à la règle : la rencontre entre les traditions européennes et autochtones a donné lieu à un fourmillement créatif en matière de déglingue. Et on trouve des très jolis trucs à boire, là-bas.
1. L'aguardiente colombien
Légèrement anisé, l’aguardiente colombien est une eau-de-vie de canne à sacre, ce qui est une phrase plaisante à dire, et titre à 30 degrés d’alcool. Ce n’est pas raffiné, on s’en envoie une rasade à même la bouteille en regardant un match de foot ou en bouffant des empanadas frites, mais c’est très bon et ça a le mérite de réchauffer dans les Andes et de rafraîchir sur la côte Caraïbes.
2. Le sabajon colombien
Ce n’est pas tout à fait un alcool à part entière, mais un genre de préparation qui se sert à Noël et n’a rien du cocktail. Le sabajon colombien ressemble au Baileys. Il est dérivé de la recette italienne du zabaione et est en réalité une préparation à base d’aguardiente, de lait condensé, d’extrait de vanille et de lait. Et ça tape fort. Et il ne faut pas le boire en plein cagnard au risque que le lait tourne.
3. Le Fernet Branca
Amaro originaire de (et toujours fabriqué à) Milan, le Fernet Branca n’en est pas moins devenu la boisson nationale argentine. Souvent coupé avec du coca, ce qui est censé être au départ un digestif aux herbes se vend partout, parfois aromatisé à la menthe ou au citron, et se boit très frais. Personnellement, j’adore ça, mais à part les Argentins et moi, je crois que tout le monde trouve ça dégueulasse.
4. Le pisco
Pour les Péruviens, le pisco est péruvien, pour les Chiliens, le pisco est chilien : bref, sans doute le principal sujet d’affrontement culturel entre les deux pays côtiers à défaut de se lancer dans des revendications territoriales. Ce qui est sûr, c’est que le pisco tape à 40 degrés et qu’il s’agit d’une eau-de-vie de vin. En Europe, on importe exclusivement du péruvien, qui bénéficie d’une AOC. Il peut se consommer en digeo ou dans un cocktail, le pisco sour, lequel fait intervenir du jus de citron vert et un blanc d’oeuf.
5. La cachaça
Genre de rhum brésilien obtenu à base de canne à sucre, la cachaça, surtout connue pour permettre l’élaboration des caipirinhas, se distingue du rhum par son processus de distillation : la cachaça est en effet distillée recdi à 40 degrés et embouteillée, quand le rhum est distillé à 60 degrés et ensuite dilué à l’eau. Perso, je préfère la cachaça, qui existe en cinquante mille sortes différentes et est un alcool paysan de base.
6. Le mezcal
Comme la tequila, le mezcal est produit à partir d’agaves, mais sa zone de production géographique se situe essentiellement autour de Oaxaca. Pour distinguer la production de mezcal de la tequila, les industriels du secteur ont eu une idée géniale dans les années 40 : ajouter au fond de la bouteille la larve d’un papillon connu pour se nourrir d’agaves. Du coup, on retrouve une petite larve au fond de notre gentille petite bouteille.
7. Le lemonchelo
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une variante argentine du limoncello italien introduit sur le territoire latinoaméricains par les immigrants. Comme en Italie, elle se boit frappée et est très sucrée. Elle ne titre pas très fort.
8. Le Pajaro Azul
Alcool de canne à sucre équatorienne, le Pajaro azul est la punta la plus célèbre d’Equateur et est produite dans la province de Bolivar. Légèrement bleutée, la liqueur est distillée dans le pays depuis les siècles des siècles des siècles. Bon, c’est peut-être un peu du storytelling aussi, ça.
9. Le cocuy
Alcool fabriqué par les Indiens bien avant l’invasion espagnole, le cocuy est aujourd’hui encore consommé dans le nord du Venezuela, malgré des restrictions à la consommation liée à son très haut titrage alcoolique. Le cocuy a une saveur forte atténuée par un goût sucré. On en trouve des versions artisanales dans les petits villages.
10. La chicha
Moi je trouve ça dégueulasse, mais passons : les Andins boivent ça à table. Légèrement alcoolisée, la chicha s’obtient à partir du maïs, du manioc et de fruits fermentés et son titrage dépend de la longueur de cette fermentation. Très sucrée, la chicha est généralement servie suave, c’est-à-dire avec un titrage proche de celui de la bière, en accompagnement d’un repas.
Quand on pense à tous ces enfants pauvres qui ne vont pas alcool.
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